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Fatalité
18 juin 2008

Ennya-Lÿr

[Et encore une autre nouvelle, encore plus poussiéreuse (moisie en plus), mais à laquelle je tiens beaucoup, car je peux la considérer comme ma toute première (en dehors des productions écrites scolaires). Bien sûr le scénario me semble plutôt futile aujourd'hui,  mais c'est toujours ça. ]

Aussi loin que remonte mes souvenirs, j’ai toujours vécu sur ce pont, à bord de se navire. Je connais le moindre nœud du bois, sa moindre fibre…Je sais deviner les vents qui se glissent dans les voiles et comment les ajuster…Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours vécu à bord du navire pirate Le Vengeur. Avec lui, j’ai écumé les mers de l’archipel aux contrées orientales de la lointaine citadelle.

Debout à la proue, je contemplai la douce lumière lunaire perçant la voile immaculé et s’épandant longuement sur le pont rougeâtre.

Fait dans un bois mystérieux, Le Vengeur buvait le sang des nombreux combats déroulés sur son pont, s’imprégnant de sa couleur écarlate. Malgré les fréquents nettoyages, il garde toujours cette teinte sinistre, contrastant avec sa propreté.

Le navire maudit. C’est ainsi qu’il est connu par les riches marchands de l’archipel et des villages côtiers. Quel enfant n’a jamais entendu au moins une légende où il est question de se navire revenant sanglant qui écume les mers, ses voiles grises en loques calquant dans le vent et de son implacable capitaine? Le cœur de chacun se serre en voyant au somment du grand mat le pavillon des sabres représentant deux lames croisées où perle une unique goutte de sang sur fond noir.

Sur le pont, il n’y a pas âme qui vive excepté le second à la barre et l’homme de quart.

Tournant la tête, j’aperçue les dernières lueurs du soleil plongeant dans l’océan, auréolé de couleurs éclatantes resplendissant dans la nuit tombante.

Je ne fus qu’a peine surprise en sentant le contact froide d’une pierre contre mon cou. Portant machinalement ma main à ma gorge, je senti sous mes doigts le cercle d’argent serti d’un saphir brumeux, rare pierre aux étranges pouvoirs. Plus pâle qu’un saphir normal, la pierre luisît doucement sous le contact de ma paume, ses nuages se déplaçant selon le caprice d’un vent inconnu. Lui aussi remontait au-delà de mes souvenirs.

« Enny… murmura une voix. »

Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vue Amy approchée. Silencieuse et gracieuse comme un chat, on entendait d’elle que le faible bruissement de ses pieds nus sur le pont. Vêtue d’une simple mais élégante robe de nuit, sa peau était d’une blancheur irréelle, contrastant avec ses cheveux noir de geai. Dans ses yeux d’émeraude pur en forme d’amande se reflétait la lune, allumant dans son regard une lueur pensive.

Je baissai les yeux vers mon propre habillement. De vieux pantalons de marins usés jusqu’à la corde et tachés, raccommodés grossièrement, juraient avec l’aura de beauté et de délicatesse qui émanait de la nouvelle venue. Mon chandail déchiré faisait piètre allure en comparé au soin avec lequel elle entretenait ses propres vêtements.

« Aurais-tu vu Eldride? me demanda-t-elle, me tirant de mes pensées. »

Je secouai la tête en signe de négation, trouvant étrange qu’Amy trouve une quelconque importance sur ce que pouvait faire la jeune mousse.

« Elle doit dormir à cette heure, comme nous devrions nous aussi faire… »

Déjà elle ne m’écoutait plus et son regard se perdit dans la contemplation de l’horizon. Ne voulant briser se moment de paix tranquille, je me tu et essayai de découvrir ce que la mince ligne lumineuse créée par le soleil couchant pouvait avoir de si captivant.

Je compris bien assez vite la raison de sa soudaine contemplation.

Au loin, à la frontière entre le ciel et la terre, on arrivait tous juste à distinguer une minuscule tache brune surmontée d’une volute grisâtre.

À cette vision, mon cœur se mi à battre la chamade. Il n’y avait aucun doute. Enfin presque. Une galère de guerre. Ses redoutables navires envoyés par les marchants mécontents ne cessaient de nous harcelés. Depuis quelques semaines, nous en avions semés déjà près de 5, et le navire n’était pas encore tout à fait remis de son dernier affrontement au court duquel un projectile avait enflammé près de la moitié du pont. À la voire approcher, elle nous avait visiblement repérée depuis un bon moment et fonçait vers nous toutes voiles dehors, laissant sur son passage une trainée de fumée, restes des immenses feux qui brûlait à bord, qui, et mon cœur se serra à cette pensée, enflammeraient bientôt le navire si nous ne réagirions pas.

 

Amy sur les talons, je filai à la poupe prévenir le second de l’approche de la galère.

La nouvelle se rependit comme une trainé de poudre et apparu sur le pont une foule dépareillé de matelots encore endormis et de mousses surexcité à la perspective d’une bataille prochaine. Tout ce beau monde dépenaillé s’affairaient fébrilement pour tout mettre en ordre, vérifier les voiles et nœuds des cordages, pendant que d’autres hissaient des seaux entiers d’eau de mer afin d’éteindre les brasiers causé par les projectiles à venir.

Le silence accueilli l’arrivé de Kûr, le capitaine. D’une démarche solennelle, il fendit à foule, inspectant et vérifiant que chacun accompli sa tâche. Entièrement vêtu de noir, il s’avança, digne dans cet attroupement de racaille et voleurs en tout genre.

 

« Comme vous avez sans doute entendu, commença t’il, une galère envoyée par ses sales marchands arrivera dans peu de temps. Je vous demande de vous tenir près. Chacun connaît la tâche qu’il lui est assigné et je ne tolèrerai pas le moindre écart de conduite. Est-ce clair? »

 

La foule répondit par une affirmation bruyante de cris et paroles discordantes, approuvant le discours de leur capitaine.

 

Je me senti soudainement si fière de mon père, un capitaine si noble à l’âme rebelle, hors-la-loi des mers et des rivages à bord de son splendide vaisseau. N’importe quel fils pourrait rêver d’une telle réputation. Seule ombre au tableau : je suis une fille. Et c’est cette seule faute qui ne me fut jamais pardonnée.

Mon père désirait de tout cœur un garçon auquel il aurait pu apprendre l’art de la navigation ainsi que le code très stricte de la piraterie mais au lieu de cela…il n’a que moi.

 Non contente de faire la honte de mon père, j’ai plongé ma mère dans le désespoir en refusant tous les travaux d’aiguilles et règles de bienséance liées à ma condition. Si elle se trouvait à bord à cet instant, je ne manquerais pas d’un sermon sur mon apparence négligée et mes vêtements mal ravaudés. Malgré tous les préjugés des gens sur mon allure, je me suis juré de leurs prouver que j’ai beau ne pas être un garçon, je suis une pirate à part entière.

 

Me ramenant brusquement sur terre, un grand pirate barbu me bouscula au passage sans ménagement.

« Fait attention où tu vas!, lui crie-ai-je, choquée. »

Puis, dégainant mon sabre, je me rendis à la prou avec les autres combattants.

 

En se moment d’attente, la tension qui régnait à bord devenait presque palpable. Chacun vérifiait que tout était près, les combattants testaient leurs lames et encochaient les flèches, ceux qui ne pouvaient combattre prenaient les seaux et les dispersaient sur le pont, mais tout le monde fixait le sombre point qui grandissait de minute en minute.

 

Ceux qui n’ont jamais combattu ne peuvent pas comprendre la soif qui précède les combats. Une soif de sang, soif de vengeance. Toutes ses brutes excitées par l’idée de violence et d’un combat acharné.

 

Ne pensant plus à la galère, je chancelai lors de l’impact du premier projectile embrasé. Ça y est, la lutte pour la survie venait de commencer. Plus question de savoir si notre cause est la meilleur, c’est la loi de la jungle et que le plus fort gagne. Dans quelques temps, les mercenaires engagés débarqueraient à bord, mettant le navire à feu et à sang. Mais nous n’allions pas nous laisser faire, pas aussi facilement du moins.

 

Une deuxième boule de feu traversa le ciel dans un sifflement sinistre. De loin on aurait pu croire à une étoile filante, une étoile de la mort. L’incendie causé par le deuxième dépassa toutes les attentes. Les seaux n’étaient pas encore rempli qu’il perça la grande voile et atterri avec fracas sur le pont, enflammant voiles et cordages sur son passage.

 

Le feu se propagea rapidement malgré l’eau et le sable si bien qu’il devint vite presque impossible de traverser de la poupe à la prou.

 

« Amy! criai-je, inquiété par le sort de mon amie qui avec le restant de son équipe était chargée de contrôler le brasier. Où es-tu? »

 

Comme une brève vision, je l’aperçue au milieu des flammes, les étouffant sous dans les volutes de fumé. Ses cheveux craquait sous l’effet de la chaleur ambiante et provenait de ses vêtements une inquiétante odeur de roussi.

« Tien bon! J’arrive! »

Me rappelant des conseils du second en cas d’incendie majeur, m’enveloppai de ma cape je fonçai à travers le mur brûlant, à sa recherche. Au fur et à mesure que je progressais, la température devenait de plus en plus insupportable. Le bois commençait à craquer sous la chaleur et les cris de membres de l’équipage amplifiaient. Sous une puissante traction, je fus soudain tirer vers l’extérieur du feu.

Je me retournai pour apercevoir mon sauveur et tombai nez à nez avec la brute rousse de tout à l’heur.

« Ce n’est pas une bonne idée de s’aventurer dans les flammes, fillette… »

Je me crispai sous l’insulte. Fillette. Je n’avais tout de même pas dix ans. Je faisais amplement mes quinze ans. Seul Kûr utilisait cette expression moqueuse pour me désigner.

Je le foudroyai du regard, me voulant menaçant mais sachant que je ne l’impressionnais nullement, et passai mon chemin, cherchant toujours Amy au milieu des marins s’affairant frénétiquement. Je la vi un peu plus loin, avec les autres. Ils parvenaient presque maintenant à maitriser le feu mais les dégâts subits dépassais déjà la limite du réparable. Je réalisai soudain que la chute des projectiles avait cessée. Soulagée, je retournai à la prou avec les guerriers.

Mon soulagement fut malheureusement de courte durée. La galère avait arrêté les tirs, oui, mais parce qu’elle était trop proche pour tirer et s’apprêtait à nous aborder d’un instant à l’autre. Déjà volait tout autour des grappins et les mercenaires s’amassaient en attendant de pouvoir traverser.

C’est à notre tour…

 

 

 

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