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Fatalité

18 juin 2008

Aeryel Gwanath

[Mon petit prince... je me devais bien de vous le présenter. Mon dernier personnage de RP, très intéressant dans ses "conversations" avec l'esprit Thanatos (littéralement "mort") parasitant son corps.  ]

« Informations générales »


. : Nom : Gwanath
. : Prénom : Aeryel
. : Âge : 10 ans
. : Sexe : Masculin
. : Race: Hybride Elfe-Démon
. : Pouvoirs : Modifie légèrement son apparence physique à son gré.
. : Rang social: Haut-Noble
. : Poste : Souverain légitime du Sanctuaire des Ombres

« Description Physique »

Chétif d’apparence, sans être pour autant petit, c’est un enfant au teint maladif et à la santé fragile, d’autant plus qu’il est atteint d’hémophilie. Cette anomalie génétique était également présente chez son père, qui mourut d’ailleurs selon Galéas le Médecin Royal d’une hémorragie interne subite.
Il est le portrait craché de sa mère. Ses cheveux sont d’argent soyeux, ses lèvres minces et bien dessinées, et ses mains délicates et effilées. Il a le sang écarlate. Cependant, ses yeux en forme d’amande sont noirs comme la nuit et démentant le reste de ses traits purement elfiques. Ses oreilles ne sont ni complètement rondes, ni complètement pointues. Sans être aussi allongées que celles des elfes, elles se terminent néanmoins en un petit triangle.
Il ne possède pas de cornes, mais s’amuse des fois à en faire apparaitre.
Vu sa maladie, sa nourrice lui porte des soins constants, vivant dans la crainte qu’il trébuche ou reçoive un coup, ce qui dans son cas pourrait s’avérer fatal. Il ne chevauche pas, ne joue pas avec les autres enfants de son âge, et demeure la plupart du temps dans le château ou dans les jardins du palais en compagnie d’un vieil instructeur.


. : Signe caractéristique :
Ses oreilles pointues et ses yeux noirs démontrent sa qualité d’hybride.

« Description Mentale »
Doté d’un tempérament naturellement timide et réservé que l’enfermement prolongé qu’il vécu durant son enfance ne fit qu’accroitre, Aeryel n’est pas très à l’aise avec les jeunes de son âge. Ayant grandit dans un monde d’adulte, il vieillit vite et comprit les complots de la cour. Après avoir réalisé que sa tante désirait sa mort, il perdit toute confiance en les gens qui l’entourait, excepté sa chère mère, laquelle fut enfermée pour folie dans les cachots. Monté sur le trône, il sait n’avoir qu’un pouvoir restreint entre les nobles assoiffés de pouvoir et sa tante meurtrière occupant le poste de conseillère. Il sait pertinemment que sa vie ne tient qu’à un fil, qu’un faux pas et il serait simple au premier venu de l’éliminer, ou encore de l’interner pour folie comme il fut fait pour sa mère.
Tous ses soucis firent disparaitre de son jeune visage la naïveté de l’enfance. Il ne sourit guère, et ne rit presque jamais. Il puise son seul réconfort dans ses conversations avec Thanatos, sa seule amie.

« Histoire »



On dit que la vie est cruelle. Hors, ce sont les hommes qui le sont envers eux même.


***

J’émergeai. Première inspiration, premières perceptions. Alors que mes poumons s’activaient, un afflux d’informations incompréhensibles parvenaient à mon cerveau. Une lumière éblouissante, l’odeur lourde du sang, l’impression d’être balloter… « Voici votre héritier » Entendis-je dans le brouhaha ambiant, mais ses syllabes n’avaient pour moi aucune signification. Le battement de mon cœur martelait mes oreilles.
J’étais vivant, libre et seul.
Lors des longs mois passés à « l’intérieur », je m’étais accoutumé au battement d’un cœur qui n’était pas le mien, à l’absence de lumière et à l’immobilité. Pour la plupart des enfants, cet endroit est synonyme de sécurité. Ç’aurait été vrai pour moi également, s’il n’y avait pas eu la chose . Qu’était-elle? Je mis de longues années à le comprendre et ma découverte fut tel un couteau enfoncé dans mon cœur. Cette chose voulait ma mort; elle voulait m’empêcher d’exister. Tel un vil serpent au sein même de l’ultime refuge. Mais je luttai, l’ignorai elle et ses paroles de mort, et je vécu, contre elle et contre tous.

***

Cinq longues années s’étaient écoulées depuis ma naissance. Cinq pénibles années au cours desquelles, encore trop naïf pour comprendre l’hypocrisie de ceux en qui j’avais confiance, je tentai de me frayer un chemin dans une vie qui n’était ni liberté ni amour.
Et où la chose m’avait suivi.
Pour comprendre son étrange nature, dites-vous qu’elle était plus proche d’un pressentiment, d’une menace, que d’une entité propre. Comme le fardeau que porte sur ses épaules le condamné qui se sait voué à une mort prochaine.

On m’apprit vite que le Médecin Galéas avait détecté que je souffrais d’une grave anomalie génétique empêchant la coagulation du sang, nommée hémophilie, dont mon père était également atteint. C’est à ce titre qu’alors que les autres bambins de mon âge découvraient le monde, je restais enfermé de longs jours durant dans ma chambre avec pour toute compagnie outre les inspections quotidiennes de Galéas, les histoires de Jalla, ma nourrice. Bien vite, je compris qu’elle était différente des autres adultes. Au lieu de faire comme ces nobles et de s’apitoyer mielleusement sur mon sort, elle avait le don de rendre leurs couleurs aux journées d’enfermement. Elle était rondouillette, et de petite taille. Mais ce qui la différenciait de Maman, Papa et Galéas, c’était ses oreilles rondes, ses yeux bleus vifs et l‘absence de cornes et de sabots. Lorsque je l’interrogeai à ce sujet, elle se contentait de m’adresser une moue boudeuse et me disait que la vie était ainsi faite.
Grace à ses talents de conteuse, je devenais un chevalier d’autre fois livrant bataille à d’horribles mages noirs et à leurs entités ténébreuses. Je maitrisais à la fois l’eau, le feu, la terre et l’air, et ce monde n’avait nul secret pour moi. Avec Gloire, mon fidèle destrier, je gagnai de nombreuses victoires au nom d’Amour et de Liberté. Cependant, elle m’avait fais jurer de ne jamais en parler à quiconque. C’était notre secret à tous les deux.

***

Une sombre silhouette élancée pénétra dans ma chambre. À sa démarche, je reconnu Tatie Galad. Il faisait nuit, et j’étais allongé dans mon lit, unique meuble de ma petite chambre. La fenêtre ouverte laissait pénétrer une douce bise qui agitait les rideaux. Sans savoir pourquoi, la vision de Tatie me donnait invariablement des frissons dans le dos. Cette fois encore plus qu’à l’habitude. Elle tenait à la main une tasse de ce qui ressemblait à une infusion brulante. S’approchant de moi, et voyant que j’étais éveillé, elle me sourit et dit de sa voix si douce;


« Je t’ai apporté une tisane pour t’aider à t’endormir. »

Ses paroles m’intriguèrent. En effet, elle n’avait jamais au paravent démontré un grand souci pour mon bien être. C’était Jalla qui s’occupait de moi, et elle seule. Cependant, aux traits chaleureux de son visage, je saisi la tasse énorme dans mes petites mains et la portai à mes lèvres. Le liquide était si chaud qu’il me brula la langue. Le goût par contre n’était pas désagréable, un peu sucré et parfumé. Je soufflai afin de le refroidir et en reprit une petite gorgée.


« Merci, lui dis-je.
- Passe une belle nuit, petit prince. »

Et elle s’éloigna à pas de chat, refermant la porte derrière elle.

À peine une minute s’était écoulé que la porte s’ouvrit à nouveau, sur Jalla cette fois. Je ne l’avais jamais vu si inquiète. Sans me laisser le temps de réagir, elle s’empara de la tasse et versa son contenu par la fenêtre. Puis elle me dévisagea longuement et lorsqu’elle prit la parole, sa voix était anormalement rauque et saccadée.


« Qui t’a donné ça?
- …Tatie Galad,
répondis-je, mal à l’aise.
- T'en as bu?
- Une gorgée ou deux… s’était si chaud. »

Elle ferma les yeux et inspira profondément.


« Comment ai-je pu ne pas le deviner… » Murmura-t-elle pour elle-même.
« Maintenant tâche de te rendormir. Si Dame Galadhris revient, appelle-moi immédiatement. »

Elle marqua une pause, hésitante.


« Et pas un mot de cette affaire à personne. »

J’acquiesçai sans très bien comprendre l’enjeu de la situation. Elle ferma la fenêtre, sortit à son tour de la pièce et ferma la porte à double tour.
Les paupières lourdes, je ne tardai pas à sombrer dans un sommeil profond, sans rêve.
Je ne la revis jamais.

***

Décapitée.
Le Palais était empli de murmures et de rumeurs, depuis l’Aile des Domestiques à aux Appartements des Nobles.
Traitresse. Race inférieur. Devraient tous être exterminés.

Ce matin, ce n’est pas Jalla qui m’a réveillé, mais Papa. Il m’a expliqué que Jalla ne reviendrait plus. Que c’était une très mauvaise personne et qu’il ne me fallait pas prendre au sérieux « les sornettes » qu’elle me racontait. À ces mots, j’ai sentis mes yeux me piquer. Mine de rien, c’était elle qui éclairait mes journées, elle en qui j’avais confiance, elle à qui je racontais tout. Alors que Maman était malade, et que Papa s’occupait du Royaume, Jalla était la seule à jouer avec moi, à répondre à mes questions, et à m’expliquer le monde. Je ne devais pas pleurer. Pas devant Papa. Il avait déjà l’air si fatigué, sans que je lui rajoute plus de soucis.



« Elle ne reviendra plus jamais? Murmurais-je doucement.
- Plus jamais.
- Vous l’avez renvoyé?
- Non. Elle est morte …
- C’est Tatie Galad qui l’a tué, en! »


Mon père me regarda, à la fois stupéfait et horrifié d’entendre de telles paroles sortir de la bouche de son fils. Hors, on dit que la vérité sort de la bouche des enfants. Elle venait de se faire entendre.



« Mais comment oses-tu dire une chose pareille au sujet de ta tante! Ce n’est pas une assassine, ni un bourreau. Retire tes paroles immédiatement, et je veux qu’avant ce soir tu ailles lui présenter tes excuses.
- Mais…
- Jalla a été jugée et sa sentence a été la mort. Je ne veux plus jamais t’entendre prononcer son nom dans ce Palais. D’ici quelques jours tu auras un instructeur. Tu es devenu trop vieux pour te faire dorloter par une bonne femme. Apprend à être un homme. »


***

Débutèrent ainsi des années bien plus sombre encore que les précédentes.
En une journée, j’avais quitté le cocon que l’on avait tissé toute mon enfance durant autour de moi. J’avais 8 ans. Et je voyais enfin le monde tel qu’il était.
Hypocrisie.
Jamais avant ce jour je n’avais compris la réelle signification des contes de Jalla. Désormais, leur sens m’était clair. J’étais ce chevalier, retenu prisonnier dans un donjon par ces mages obscures, les elfes, et leurs ténébreux alliés les démons. Dans ses histoires, j’étais un humain, mais la vérité était bien pire. Je n’étais rien. Rien qu’un hybride. Seule la gloire me faisait avancer dans ce monde de complots. Je devais me battre pour ma liberté.
Armé d’une épée imaginaire, j’arpentai ma chambre telle une cellule et me demandai de quelle manière livrer le combat. Mais le piteux reflet que me renvoya le miroir, celui d’un môme de huit ans jouant au chevalier, mis fin à mes rêveries. Je n’avais nul moyen de m’échapper; ni par la force, ni par la ruse.
Ce fut la première fois que je le sentis. Cela prit d’abord la forme d’une multitude de petites aiguilles me traversant le crâne et d’une masse noire et rêche tomba en cascade sur mes épaules. Quelques secondes plus tard ma vue se voilait. J’étais aveugle. Mon visage me brulait comme si on y avait laissé une empreinte au fer rouge, et je retenais à grand peine larmes et cris. Au terme de longues minutes à cligner vainement des yeux, le nuage gris se dissipa finalement et je me retrouvai face à une gamine qui devait avoir mon âge, aux cheveux aussi noirs que les yeux d’un démon et aux yeux bleu pur. Je me figeai. Il ma fallut quelques instants pour comprendre que ce que je voyais était en fait mon propre reflet dans le miroir. Dans les histoires de Jalla, les entités ténébreuses avaient le pouvoir de changer de forme, mais en conservant leurs horribles sabots. Paniqué, je baissai les yeux sur mes pieds. Soulagement. Ils n’avaient pas changés, c’était bien deux pieds de chair.
Pour la première fois depuis plus de deux mois, un mince sourire éclaira mon visage.
Je venais de trouver la clé de ma survie. Scrutant à nouveau la gamine dans la glace, je fermai les yeux et me concentrai.
Des canines allongées. Les cheveux noirs. La peau pâle. Des yeux rouges.
À nouveau, je sentis les picotements m’envahir. Mais cette fois, mes oreilles bourdonnaient et bien vite des étoiles dansèrent devant mes yeux. Peut être avais-je surestimé mes forces. Je sentis un choc sourd lorsque ma tête heurta le sol, puis je sombrai dans l’inconscience.

***


« Ainsi tu es là. Je t’attendais, car toi et moi sommes unis dans un même destin. Je suis ta part de mort, la parcelle de vice, de malheur et de désespoir enfermée en ton être. Regarde-moi. Je ne suis rien. C’est ta vie qui me permet d’exister, ton âme qui me prête une voix pour te parler.
Tu ne devais pas naitre. De tous les possibles avenirs, d’aucun tu ne faisais parti. Et cependant, tu es là.»

À cette dernière phrase, la voix pris un ton amusé.
« Tu dois ignorer que la Duchesse avait acheté ta mort? Une mort contre une vie. Si ta naissance avait été empêchée, j’aurais recouvré ma liberté. Tu peux donc te douter que je ne te porte pas dans mon cœur… enfin, si j’en avais un, mais il se trouve que depuis plusieurs siècles j’ai perdu mon corps physique. Amusant, non?
Avant, il y a fort longtemps, j’étais un gamin comme toi. Enfin une gamine. Celle que tu a vue tout à l’heure. Mignon, n’est-ce pas? Je m’appel… Oh et puis trêve de bavardages!
Tu dois savoir que tu ne vas pas t’en tirer à si bon compte. Lorsque tu te réveilleras, Galéas et la Duchesse seront à ton chevet. Cependant, je doute que tu puisses compter sur leur aide à d’autres fins que d’obtenir une mort brève. Je t’explique; ta chute a causé une hémorragie interne. En ce moment même, ton joli sang rouge se répand partout dans ton corps sans que personne, pas même ce charlatan de Galéas, ne s’en doute. Je te promets, ce ne sera pas douloureux, tu ne devrais pas tarder à plonger dans un comma dont tu ne te réveilleras jamais.
Bon voyage… »

Mais je survécus.
Une fois de plus, seul contre tous.

Après près d’une semaine de fièvre et de délire, j’émergeai du sommeil comateux dans lequel ma chute m’avait plongé. Je me trouvais dans une petite chambre qui m’était vaguement familière. Sa décoration suggérait qu’elle appartenait à l’Aile des Nobles. Une jeune femme était à mon chevet, et un sourire éclaira son visage lorsqu’elle constata que je l’observais.



« C’est un grand soulagement de vous voir de retour parmi nous. »

J’ouvris la bouche pour lui répondre mais elle posa son doigt sur ses lèvres.



« Chuuut. Ne bougez pas, il est encore bien trop tôt pour songer à parler. Restez allongez, je vais vous chercher une infusion. »

Et elle s’éclipsa prestement, me laissant seul à méditer. J’étais convaincu de ne jamais l’avoir croisée dans le palais auparavant. Sa peau de miel et ses cheveux tressés ne s’oubliaient pas si facilement. Fort probablement une jeune humaine.



« Voilà. » Dit-elle en approchant de mes lèvres le liquide.

« Mais qui voilà…Notre petit prince de retour d’entre les morts…ou plutôt devrais-je dire notre nouveau roi. »

Je m’étouffai et recrachai la tisane. Un frisson me parcourut des pieds à la tête. Cette voix mielleuse, tant détestée, qui avait hantée mes rêves. « Tu dois ignorer que la Duchesse avait acheté ta mort? » Comment osait-elle? Il fallut quelques instants de plus à mon cerveau embrouiller afin de saisir l’ironie de ses paroles. Roi…Un prince de ne devient roi que lorsque l’occupant actuel se trouve dans l’impossibilité de gouverner. Et dans la plupart des cas, il s’agissait de la mort de son prédécesseur.



« Vous! Pè… » Ma voix me fit défaut tant ma gorge était sèche.

« Sortez immédiatement de cette chambre! N’avez-vous aucun bon sens, ce pauvre enfant vient de se réveiller d’une semaine de coma, son état est si précaire qu’un choc émotif pourrait lui être fatal. Le ton était implacable. Un instant j’eu presque pitié de cette pauvre humaine. Elle ignorait à qui elle avait affaire.
- Et depuis quand, très chère, les pauvres gens de votre condition se permettent-ils de donner des ordres à des nobles de mon sang?
- Depuis que la vie d’une personne de sang supérieur à la votre est en jeu. »

Regards noirs. L’air était tendu. Finalement, Galadhris tourna les talons sèchement. Juste avant de franchir le seuil de la porte elle lâcha;


« À demain soir, lors de la cérémonie de votre couronnement, neveux. »
[Suite en rp]

« Inventaire »


. : Vêtements: Tout soie et velours, ses habits sont des plus riches par la qualité du tissu et par la finesse de la coupe, tout en gardant une simplicité au niveau des parures et dentelles. Il possède une garde robe assez vaste essentiellement composée de tuniques aux teintes et motifs variés. Sa préférée est également la plus dépouillée, une tunique de soie rouge sang symbole de sa royauté et noir de deuil, confectionnée à l’occasion de son couronnement.
. : Arme(s): Il n’en porte pas sur lui. La seule qu’il possède est un petit arc pour les parties de chasses.
. : Bijoux: Outre sa couronne d’or blanc éclatant, il en possède un large éventail sertis de joyaux plus exotiques les uns que les autres, cadeaux de nobles soucieux de gagner l’estime de l’ancien couple royal. Héritage de sa mère, il possède une fine chaine d’argent au bout de laquelle pend un rubis de taille réduite. Sans que le pendentif excelle par la délicatesse de son ouvrage ou l’opulence de la gemme, il a néanmoins à ses yeux plus de valeur que bien d’autres, car c’est le seul lien qui le rattache à sa mère telle qu’on la lui racontait.

[Et pour conclure en beauté, un petit dessin de son altesse;]

Aeryel

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18 juin 2008

Ennya-Lÿr

[Et encore une autre nouvelle, encore plus poussiéreuse (moisie en plus), mais à laquelle je tiens beaucoup, car je peux la considérer comme ma toute première (en dehors des productions écrites scolaires). Bien sûr le scénario me semble plutôt futile aujourd'hui,  mais c'est toujours ça. ]

Aussi loin que remonte mes souvenirs, j’ai toujours vécu sur ce pont, à bord de se navire. Je connais le moindre nœud du bois, sa moindre fibre…Je sais deviner les vents qui se glissent dans les voiles et comment les ajuster…Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours vécu à bord du navire pirate Le Vengeur. Avec lui, j’ai écumé les mers de l’archipel aux contrées orientales de la lointaine citadelle.

Debout à la proue, je contemplai la douce lumière lunaire perçant la voile immaculé et s’épandant longuement sur le pont rougeâtre.

Fait dans un bois mystérieux, Le Vengeur buvait le sang des nombreux combats déroulés sur son pont, s’imprégnant de sa couleur écarlate. Malgré les fréquents nettoyages, il garde toujours cette teinte sinistre, contrastant avec sa propreté.

Le navire maudit. C’est ainsi qu’il est connu par les riches marchands de l’archipel et des villages côtiers. Quel enfant n’a jamais entendu au moins une légende où il est question de se navire revenant sanglant qui écume les mers, ses voiles grises en loques calquant dans le vent et de son implacable capitaine? Le cœur de chacun se serre en voyant au somment du grand mat le pavillon des sabres représentant deux lames croisées où perle une unique goutte de sang sur fond noir.

Sur le pont, il n’y a pas âme qui vive excepté le second à la barre et l’homme de quart.

Tournant la tête, j’aperçue les dernières lueurs du soleil plongeant dans l’océan, auréolé de couleurs éclatantes resplendissant dans la nuit tombante.

Je ne fus qu’a peine surprise en sentant le contact froide d’une pierre contre mon cou. Portant machinalement ma main à ma gorge, je senti sous mes doigts le cercle d’argent serti d’un saphir brumeux, rare pierre aux étranges pouvoirs. Plus pâle qu’un saphir normal, la pierre luisît doucement sous le contact de ma paume, ses nuages se déplaçant selon le caprice d’un vent inconnu. Lui aussi remontait au-delà de mes souvenirs.

« Enny… murmura une voix. »

Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vue Amy approchée. Silencieuse et gracieuse comme un chat, on entendait d’elle que le faible bruissement de ses pieds nus sur le pont. Vêtue d’une simple mais élégante robe de nuit, sa peau était d’une blancheur irréelle, contrastant avec ses cheveux noir de geai. Dans ses yeux d’émeraude pur en forme d’amande se reflétait la lune, allumant dans son regard une lueur pensive.

Je baissai les yeux vers mon propre habillement. De vieux pantalons de marins usés jusqu’à la corde et tachés, raccommodés grossièrement, juraient avec l’aura de beauté et de délicatesse qui émanait de la nouvelle venue. Mon chandail déchiré faisait piètre allure en comparé au soin avec lequel elle entretenait ses propres vêtements.

« Aurais-tu vu Eldride? me demanda-t-elle, me tirant de mes pensées. »

Je secouai la tête en signe de négation, trouvant étrange qu’Amy trouve une quelconque importance sur ce que pouvait faire la jeune mousse.

« Elle doit dormir à cette heure, comme nous devrions nous aussi faire… »

Déjà elle ne m’écoutait plus et son regard se perdit dans la contemplation de l’horizon. Ne voulant briser se moment de paix tranquille, je me tu et essayai de découvrir ce que la mince ligne lumineuse créée par le soleil couchant pouvait avoir de si captivant.

Je compris bien assez vite la raison de sa soudaine contemplation.

Au loin, à la frontière entre le ciel et la terre, on arrivait tous juste à distinguer une minuscule tache brune surmontée d’une volute grisâtre.

À cette vision, mon cœur se mi à battre la chamade. Il n’y avait aucun doute. Enfin presque. Une galère de guerre. Ses redoutables navires envoyés par les marchants mécontents ne cessaient de nous harcelés. Depuis quelques semaines, nous en avions semés déjà près de 5, et le navire n’était pas encore tout à fait remis de son dernier affrontement au court duquel un projectile avait enflammé près de la moitié du pont. À la voire approcher, elle nous avait visiblement repérée depuis un bon moment et fonçait vers nous toutes voiles dehors, laissant sur son passage une trainée de fumée, restes des immenses feux qui brûlait à bord, qui, et mon cœur se serra à cette pensée, enflammeraient bientôt le navire si nous ne réagirions pas.

 

Amy sur les talons, je filai à la poupe prévenir le second de l’approche de la galère.

La nouvelle se rependit comme une trainé de poudre et apparu sur le pont une foule dépareillé de matelots encore endormis et de mousses surexcité à la perspective d’une bataille prochaine. Tout ce beau monde dépenaillé s’affairaient fébrilement pour tout mettre en ordre, vérifier les voiles et nœuds des cordages, pendant que d’autres hissaient des seaux entiers d’eau de mer afin d’éteindre les brasiers causé par les projectiles à venir.

Le silence accueilli l’arrivé de Kûr, le capitaine. D’une démarche solennelle, il fendit à foule, inspectant et vérifiant que chacun accompli sa tâche. Entièrement vêtu de noir, il s’avança, digne dans cet attroupement de racaille et voleurs en tout genre.

 

« Comme vous avez sans doute entendu, commença t’il, une galère envoyée par ses sales marchands arrivera dans peu de temps. Je vous demande de vous tenir près. Chacun connaît la tâche qu’il lui est assigné et je ne tolèrerai pas le moindre écart de conduite. Est-ce clair? »

 

La foule répondit par une affirmation bruyante de cris et paroles discordantes, approuvant le discours de leur capitaine.

 

Je me senti soudainement si fière de mon père, un capitaine si noble à l’âme rebelle, hors-la-loi des mers et des rivages à bord de son splendide vaisseau. N’importe quel fils pourrait rêver d’une telle réputation. Seule ombre au tableau : je suis une fille. Et c’est cette seule faute qui ne me fut jamais pardonnée.

Mon père désirait de tout cœur un garçon auquel il aurait pu apprendre l’art de la navigation ainsi que le code très stricte de la piraterie mais au lieu de cela…il n’a que moi.

 Non contente de faire la honte de mon père, j’ai plongé ma mère dans le désespoir en refusant tous les travaux d’aiguilles et règles de bienséance liées à ma condition. Si elle se trouvait à bord à cet instant, je ne manquerais pas d’un sermon sur mon apparence négligée et mes vêtements mal ravaudés. Malgré tous les préjugés des gens sur mon allure, je me suis juré de leurs prouver que j’ai beau ne pas être un garçon, je suis une pirate à part entière.

 

Me ramenant brusquement sur terre, un grand pirate barbu me bouscula au passage sans ménagement.

« Fait attention où tu vas!, lui crie-ai-je, choquée. »

Puis, dégainant mon sabre, je me rendis à la prou avec les autres combattants.

 

En se moment d’attente, la tension qui régnait à bord devenait presque palpable. Chacun vérifiait que tout était près, les combattants testaient leurs lames et encochaient les flèches, ceux qui ne pouvaient combattre prenaient les seaux et les dispersaient sur le pont, mais tout le monde fixait le sombre point qui grandissait de minute en minute.

 

Ceux qui n’ont jamais combattu ne peuvent pas comprendre la soif qui précède les combats. Une soif de sang, soif de vengeance. Toutes ses brutes excitées par l’idée de violence et d’un combat acharné.

 

Ne pensant plus à la galère, je chancelai lors de l’impact du premier projectile embrasé. Ça y est, la lutte pour la survie venait de commencer. Plus question de savoir si notre cause est la meilleur, c’est la loi de la jungle et que le plus fort gagne. Dans quelques temps, les mercenaires engagés débarqueraient à bord, mettant le navire à feu et à sang. Mais nous n’allions pas nous laisser faire, pas aussi facilement du moins.

 

Une deuxième boule de feu traversa le ciel dans un sifflement sinistre. De loin on aurait pu croire à une étoile filante, une étoile de la mort. L’incendie causé par le deuxième dépassa toutes les attentes. Les seaux n’étaient pas encore rempli qu’il perça la grande voile et atterri avec fracas sur le pont, enflammant voiles et cordages sur son passage.

 

Le feu se propagea rapidement malgré l’eau et le sable si bien qu’il devint vite presque impossible de traverser de la poupe à la prou.

 

« Amy! criai-je, inquiété par le sort de mon amie qui avec le restant de son équipe était chargée de contrôler le brasier. Où es-tu? »

 

Comme une brève vision, je l’aperçue au milieu des flammes, les étouffant sous dans les volutes de fumé. Ses cheveux craquait sous l’effet de la chaleur ambiante et provenait de ses vêtements une inquiétante odeur de roussi.

« Tien bon! J’arrive! »

Me rappelant des conseils du second en cas d’incendie majeur, m’enveloppai de ma cape je fonçai à travers le mur brûlant, à sa recherche. Au fur et à mesure que je progressais, la température devenait de plus en plus insupportable. Le bois commençait à craquer sous la chaleur et les cris de membres de l’équipage amplifiaient. Sous une puissante traction, je fus soudain tirer vers l’extérieur du feu.

Je me retournai pour apercevoir mon sauveur et tombai nez à nez avec la brute rousse de tout à l’heur.

« Ce n’est pas une bonne idée de s’aventurer dans les flammes, fillette… »

Je me crispai sous l’insulte. Fillette. Je n’avais tout de même pas dix ans. Je faisais amplement mes quinze ans. Seul Kûr utilisait cette expression moqueuse pour me désigner.

Je le foudroyai du regard, me voulant menaçant mais sachant que je ne l’impressionnais nullement, et passai mon chemin, cherchant toujours Amy au milieu des marins s’affairant frénétiquement. Je la vi un peu plus loin, avec les autres. Ils parvenaient presque maintenant à maitriser le feu mais les dégâts subits dépassais déjà la limite du réparable. Je réalisai soudain que la chute des projectiles avait cessée. Soulagée, je retournai à la prou avec les guerriers.

Mon soulagement fut malheureusement de courte durée. La galère avait arrêté les tirs, oui, mais parce qu’elle était trop proche pour tirer et s’apprêtait à nous aborder d’un instant à l’autre. Déjà volait tout autour des grappins et les mercenaires s’amassaient en attendant de pouvoir traverser.

C’est à notre tour…

 

 

 

18 juin 2008

Folie nocturne

[Alors voici une petite nouvelle toute poussiéreuse (déjà un an et quelques que je l'ai écris) inspirée par les légendes celtiques (et oui à l'époque j'écoutais du Manau!). Le personnage principale est une jeune apprentie-druidesse du nom de Fant. Je doute poursuivre un jour... par contre elle m'inspire beaucoup et un de mes derniers dessins la représente plus ou moins. Enfin, place au texte...]

Je la sentais bondir à mes côtés, si gracieuse qu’elle se fondait dans la nuit. Je peinais à la suivre au travers des racines et des branchages. Malgré toute l’agilité développée par mes éternelles escapades nocturnes ainsi que ces heures passées à courir en sa compagnie, je ne l’égalerai jamais, nous le savions l’une comme l’autre.
C’est pourquoi à l’approche de la petite cascade, je la sentis ralentir et pus enfin distinguer sa silhouette accroupie sur la berge de notre refuge secret.
La rejoignant, j’humai la fraîcheur de cette première soirée d’automne mêlée aux effluves végétales des feuilles colorées et des dernières fleurs. Elle se rapprocha en quelques pas et se frotta affectueusement contre mes jambes. Je pus alors effleurer du bout des doigts sa douce fourrure avant de m'asseoir sur un rocher.
Je délaçai mes sandales et les déposai dans l’herbe fraîche pour tremper mes pieds meurtris dans l’eau froide. Bientôt, dans quelques temps, elle deviendra glaciale et toute baignade serait folie jusqu’au retour de la douce saison.
Mes muscles se détendirent au contact du liquide limpide tandis que le clapotis cristallin du court d’eau s’insinuait dans ma conscience, la soulageant de cette journée passée et de son lot de soucis. Après les sandales, je dénouai ma tunique et m’immergeai entièrement dans le ruisseau vivifiant sous son regard perçant. Je frissonnai malgré moi.
Sur la rive, derrière, je la savais rôder pendant que je faisais trempette, ni trop loin ni trop proche de cette eau qu’elle n’appréciait guère.

Soudain, je la sentis se figer, aux aguets. Je l’imitai et cessai de lutter contre le faible courant pour me hisser sur la terre ferme. Tendant l’oreille, je perçus en même temps qu’elle l’intrus.

« Dans le buisson, à gauche. »

Une pensée, simple, claire et nette dont elle seule en a le secret. J’approuvai silencieusement ce que mon ouïe m’avait aussi indiqué. Mais qui pouvait donc bien se cacher dans les bois pour observer les jeunes femmes se baigner en pleine nuit?
Dans une prise de conscience subite suivie d’un élan de pudeur je me penchai pour me draper à la hâte de ma tunique humide et salie par le sable.
Reprenant quelque peu contenance, je me redressai et scrutai les profondeurs touffues de l’arbuste.

« Montrez-vous! » Criai-je, à l'adresse du buisson avec un soupçon d'agacement.

Elle feula, toute proche, faisant écho à mes pensées. Il faut dire que dans ces moments je n’arrivais qu’avec beaucoup de difficulté à distinguer la limite de mon esprit et du sien. À première vue, la différence était pourtant évidente, mais cependant insuffisamment pour ma conscience embrumée.

Il y eut ensuite une secousse sourde, suivie d’un élancement de douleur. Et puis plus rien, le vide noir total.


J’écarquillai les yeux alors que les brumes se dissipaient. Un coup d’œil aux alentours m’apprit que je n’avais pas quitté la forêt, dont je pouvais voir la cime jaune clair des arbres ayant revêtu leurs couleurs automnales.
Je me redressai et tâtai ma tête où déjà se développait une enflure respectable. Dans le ciel, la pleine lune était toujours haute et étincelante derrière un mince voile de nuage.

Alors seulement m’apparut l’élément manquant : elle n’était pas là. Je me retins pour ne pas paniquer; l’avait-on enlevée? Je retirai tout de suite cette pensée absurde, personne ne penserait jamais à lui faire le moindre mal. Que nous voulait-on sinon? Je me retournai…

…et je les vis. Derrière moi, de toute leur hauteur, se dressaient trois êtres. Des humanoïdes d’une irréelle beauté se tenaient entre les pins, deux hommes psalmodiant de tribales prières encadrant une femme d’une taille étonnante. Le trio était uniquement vêtu de blanc et les traits de leur visage étaient emplis de douceur et de bonté où l’on ne retrouvait nulle trace de haine ou quelconques intentions belliqueuses, malgré les armes pendant à leur ceinture.

« Tuatha dé Danann », murmurai-je, sans le vouloir. Les mots avaient franchis d’eux-mêmes mes lèvres, s’imposant à mon esprit. Se pourrait-il que se trouve devant moi ces anciens Dieux de notre terre?

La seule représentante féminine se détacha du groupe et s’avança avec grâce à ma rencontre, la paume tournée vers le ciel et le bras pâle et délicat tendu à mon encontre.

« Fant…n’oublie pas. Suis le chemin, il croisera celui de Setanta. N’oublie pas… »

Ma vue se brouillait à nouveau alors que la voix répétait incessamment ces incompréhensibles paroles. J’aurais voulu lui répondre, lui demander de m’expliquer, de se taire…

« N’oublie pas… »

Puis tout redevint noir.

 

***

 

Cette fois j’ouvris les yeux pour de bon, sur notre réalité. Mes courbatures au dos et mon mal de tête étaient par contre bien trop réels à mon goût. Je grimaçai en m’asseyant à même le sol de terre battu. Passant ma main dans mes cheveux sombres, je la retrouvai poisseuse, engluée dans un liquide rougeâtre que je ne reconnaissais que trop bien.

« Ah, je n’avais pas vu que tu étais réveillée, grommela une voix masculine dans mon dos.

-Dagan! » M’écriai-je en apercevant le vieux druide. « Si, je viens à peine. »

J’observai alors la pièce mal éclairée dans laquelle je me trouvais. Par une unique fenêtre, je pouvais voir le ciel toujours obscur et la lune brillante. Silencieuse n’était pas là, elle devait être restée dans la forêt.

« Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivée de grave, » songeai-je.

Comme il faisait sombre, je ne distinguais d’autre que l’âtre dans un coin où bouillait une petite marmite de cuivre dégageant une apaisante odeur de tisane.

« Écorce de saule et tilleul, énonçai-je en reconnaissant leurs arômes familières.

-Tu en veux?

-Bien sûr. »

Je m’arrêtai pour observai les braises tandis qu’il ôtait le chaudron du feu et en versait son contenu dans deux petits bols. Il le remit en place avant de venir me rejoindre.

Je ne pus résister plus longtemps et lui posa cette question qui me hantait.

« Que c’est t’il passé dans les bois, je veux dire, est-ce vous qui m’avez assommé?

-Oui, » dit-il simplement.

Je faillis m’étouffer avec la boisson brulante. Reposant le bol, je toussotai avant de le dévisager.

« Mais pourquoi? »

Je le vis secouer la tête, sa longue chevelure blanche se balançant de droite à gauche. Il en écarta quelques mèches emmêlées obstruant sa vision, s’éclaircit la gorge et répondit.

« Tu ne devrais pas t’aventurer seule dehors, surtout pas la nuit, et surement pas avec les temps qui courent. »

Devinant qu’il faisait référence à l’union d’Azenor et Iwan, je le relançai.

« N’esquivez pas la question.

-Je ne me défile pas, je t’explique.

-Alors poursuivez.

-C’est ce que j’aurais fait si une petite impertinente ne m’avait pas interrompu. »

Il soupira, faussement exaspéré. Je rougis, embarrassée comme lorsque je n’étais qu’une gamine. Le vieil homme m’adressa un sourire complice avant de reprendre.

« Ils rôdaient et tu te trouvais droit sur leur chemin. Je ne sais pas se que tu serais devenu sans mon intervention… »

Je souris devant ces paroles vaniteuses, son orgueil ne s’améliorait pas avec l’âge.

« …et ce que dirait Edwina si elle apprenait ton escapade nocturne… »

Sur ce point, il avait raison. Mère ne pourrait qu’en être inquiète et offusquée. Elle ne manquerait pas de s’apitoyer sur les instincts rebelles de sa cadette et avant le lever du soleil le clan tout entier serait au courant.

« …mais bien sûr elle ne le saura pas. »

Sursautant, je le gratifiai d’un sourire chaleureux empli de reconnaissance.

« Encore dans la lune je suppose. Ah les jeunes, que deviennent-t-ils de nos jours? » grogna-t-il dans sa barbe tout en rapportant des deux bols vide sur la grossière table de rondins. « Et maintenant ouste si tu veux préserver notre secret! »

Je ne me le fis pas dire deux fois et époussetant ma tunique, je sortis sous les premières lueurs de l’aube.

 

D’un bon pas, je traversai le village silencieux, passant successivement devant la place publique, le puits, et pour terminer notre petite chaumière typique aux murs de pierres et au toit de chaume. Derrière, je pouvais tout juste apercevoir l’imposante palissade délimitant le village et derrière encore les cimes des premiers grands pins. J’inspirai profondément les odeurs naturelles des du cèdre et du bouleau, portés jusqu’à moi par le vent, et je cru y déceler cette senteur particulière, différente de celle des autres habitants de la forêt. Elle devait rôder à la lisière. Je lui manquais, et elle était tout aussi désorientée que moi.

À regret, je me détournai de la forêt enchanteresse. Je ne pouvais rien faire pour elle en ce moment, moi-même aussi perdu. C’est pourquoi je lui promis, si Edwina relâchait quelque peu sa surveillance, que je lui rendrai visite à nouveau se soir même, dès que la lune se serait levée. J’espérai au fond de mon cœur qu’elle m’eu entendu. Aussi silencieusement que me permettais ma taille, je rentai dans la maison familiale en poussant la large porte de bois, qui ne manqua pas d’émettre son habituel grincement de protestation. Je m’arrêtai un instant, le temps de m’assurer que personne ne l’avais entendu, et je pénétrai à la manière d’un voleur dans notre modeste demeure.

[Fant devint plus tard une grande druidesse, avant de croiser le chemin d’un jeune homme prénommé Setanta; mot celtique signifiant « chemin », lequel était destiné à devenir le grand Cúchulainn.

En pleine terre d’Ulster, durant le cycle de la branche rouge.]

17 mai 2008

Fa-Tali-Thé

Fa-Tali-Thé

« En hommage à la grandiose œuvre de Victor Hugo et d’un certain mot gravé dans la pierre de la cathédrale de Notre-Dame;

Anarkia, Fatalité. »

À l’adresse d’improbables visiteurs, ce blogue n’est qu’un pot pourris sans prétention de dessins, poèmes, textes et photos, pour le simple plaisir des yeux et de l’âme.

Bon passage!

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